Du piment grec dans la campagne

(Extrait du «Canard enchainé» du 25/05/2005)

ENCORE peu popularisée en France, l'affaire Barroso agite beaucoup le milieu bruxellois, et elle pourrait bien s'inviter dans les derniers jours de la campagne du référendum. A la mi-avril, la presse allemande avait révélé que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, s'était fait offrir, en août 2004, une semaine de vacances en famille sur le bateau du milliardaire grec Spiro Latsis. A cette époque, Barroso n'avait pas encore pris ses fonctions à Bruxelles, mais il avait été désigné à ce poste lors d'un sommet européen, le 29 juin.
Quelques jours plus tard, la porte-parole de Barroso confirmait ces informations mais dénonçait les amalgames : " Le groupe Latsis n'a aucun lien avec la Commission européenne. " C'est une façon de voir. Une motion de censure déposée par 77 députés européens à ce sujet devrait éclairer autrement la question. Date prévue pour le débat : le 25 mai, soit quatre jours avant le scrutin en France...
Sans mettre en cause l'intégrité de Barroso, certains parlementaires remarquent que les affaires du groupe Latsis (banque, immobilier, pétrole, construction navale) en Grèce et dans les Balkans ne sont pas des modèles de transparence, Tout comme les comptes de ses filiales, basées à Jersey, Monaco ou Luxembourg.
Ils ont aussi - et surtout - découvert que les entreprises de Spiro Latsis avaient eu au moins à six reprises, depuis 1999, les honneurs de la Commission européenne dans ses avis ou décisions. Ainsi, de 1999 à 2004, la banque du groupe grec, EFG Eurobank, a été choisie par la Commission pour faire transiter l'argent des financements européens en Grèce. De même, l'exécutif européen a autorisé plusieurs rapprochements entre le groupe Latsis et des banques ou entreprises grecques.
Plus troublant, en septembre 2004 la Commission a autorisé l'octroi d'une aide aux chantiers navals Shipyard, propriété de Latsis. Enfin, pour tout arranger, Barroso, une fois installé à la tête de l'exécutif européen, a nommé conseiller spécial à la Commission un certain Dusan Sidjanski, également patron du Centre européen de la culture, un machin largement financé par... le groupe Latsis. Et dire que certains reprochent encore aux eurocrates de Bruxelles d'ignorer les réalités économiques...

J. C.


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