Aux syndicalistes


La confédération européenne des syndicats a rendu officiel ce qu’elle n’avait jamais caché : son soutien au projet de Constitution européenne. Ce soutien est révoltant pour tout syndicaliste quelle que soit sa sensibilité.

Le texte du traité donne en effet force constitutionnelle à l’ultralibéralisme, l’imposant ainsi à tous les gouvernements futurs, de gauche comme de droite. Même si un jour les électeurs envoyaient au parlement (français ou européen) 99% de députés dévoués aux travailleurs, ce vote serait sans effet puisque mettre en œuvre une politique démocratique et sociale serait anticonstitutionnel, donc illégal et impossible.
Comment une organisation syndicale peut-elle soutenir un projet de traité qui étrangle les services publics en les exposant (par suppression des frontières) à la concurrence étrangère et en interdisant toute subvention aux entreprises publiques (article III-167) ?
Comment approuver un traité qui sous prétexte de rendre l’économie européenne "hautement compétitive" (article I-3) oblige les gouvernements à annuler tous les acquis sociaux ?
Comment soutenir un traité qui, au nom de la libre circulation des capitaux, interdit de taxer les capitaux spéculatifs et de limiter, si peu que ce soit, la fuite des capitaux ?
Peut-on approuver un traité qui, sous prétexte de "liberté d’établissement" interdit tout obstacle aux délocalisations d’entreprises, notamment vers l’Est européen où le salaire horaire est 10 à 15 fois plus faible qu’en France ?
Est-il défendable le traité qui, au nom de "la libre circulation des personnes", prépare une- immigration massive d’Est en Ouest, organise ainsi l’explosion du chômage en France et ouvre la voie au triomphe du Front national ?
Comment des syndicalistes peuvent-ils dire oui à un traité qui, en imposant dans toute l’Europe une concurrence sans frontière, généralise la guerre économique et égalise par le bas le sort des travailleurs ?

Pendant des années on nous a dit qu’il fallait accepter l’unification économique et politique de l’Europe pour résister à l’impérialisme américain. Or le projet de Constitution interdit à l’Union européenne de s’opposer aux USA. L’article I – 41 oblige en effet l’Union européenne à "respecter toutes les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord" et à avoir une politique étrangère "compatible" avec celle de l’OTAN (donc avec celle des USA maîtres de l’OTAN), Dans sa première rédaction cet article obligeait même l’U.E. à "coopérer étroitement avec l’OTAN" donc à participer aux expéditions militaires américaines et sous leurs ordres. Comment des syndicalistes peuvent-ils engager ainsi leurs peuples sous la bannière de l’impérialisme et du militarisme américain ?

Enfin ce projet de Constitution est profondément antidémocratique. Il crée sans avoir l’honnêteté de le reconnaître, un Etat européen supranational dont les rouages lointains et extrêmement complexes, incompréhensibles pour la quasi-totalité des citoyens, fonctionneront loin des peuples, à l’abri de leurs pressions, sous le seul contrôle des grandes entreprises multinationales, inspiratrices et uniques bénéficiaires de l’intégration européenne.

On traite de "nationalistes", de "populistes" tous ceux qui s’opposent à l’intégration européenne et on cherche à nous la faire accepter en nous promettant pour demain une Europe démocratique et sociale. Avec qui la construirions-nous ? Avec les 25 gouvernements qui, de droite ou de gauche, approuvent et soutiennent tous ce projet constitutionnel ? Avec les élus du Parlement européen qui, à une écrasante majorité, ont approuvé le projet constitutionnel ?

On nous dit que, pour construire un jour "l'Europe sociale", il faut organiser les luttes au niveau européen. C’est officiellement dans ce but qu’ont été créés des partis politiques transnationaux comme le parti socialiste européen et des syndicats transnationaux comme la confédération européenne des syndicats dont sont membres toutes les confédérations françaises depuis la CGT jusqu’à la CFTC. Résultat ? Toutes ces structures, au lieu de combattre le libéralisme, l’atlantisme et la dictature de Bruxelles, les soutiennent au contraire et se couchent devant le projet de Constitution européenne.

Parce qu’ils n’osent pas s'élever contre l’intégration européenne, parce qu’ils n’osent pas combattre ce qui écrase les travailleurs, les syndicats sont devenus incapables de défendre les services publics et les acquis sociaux. Ils perdent leurs adhérents et leur crédibilité. Ils s’enfoncent dans une crise qui laisse les travailleurs sans défense.
Les syndicats n’ont qu’un seul moyen de sauver leur honneur : c’est de sortir enfin du piège européen et d’organiser enfin la lutte contre le projet de Constitution européenne.

Comité local biterrois contre la Constitution européenne
1 bis rue Auber
34500 Béziers

tél. : 04 67 76 28 56


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