Les partisans du "oui" ont raison !
Les partisans du "oui" ont raison quand ils disent que ceux qui ont voté "non" au référendum du 29 mai 2005 ne forment pas une catégorie homogène.
Mon propos n'est pas ici de comparer l'homogénéité des deux catégories, mais de mettre en garde contre le vieux réflexe du "on a gagné" que l'on trouve encore.
Ceux qui disent qu'un vaste débat populaire a eu lieu autour du contenu de ce traité sont un peu optimistes. La situation me semble certes meilleure que lors des consultations précédentes : Au lieu d'une poignée d'intellectuels pour s'emparer de la question, il y en eut bien trois ou quatre, et les électeurs ayant lu les différents argumentaires sont beaucoup plus nombreux, mais de très nombreuses personnes ont voté en fonction d'un rejet de la tendance politique actuelle.
Cette dernière façon de réagir est bien naturelle mais devient de moins en moins appropriée devant les "stratégies de gouvernance" utilisées par ceux qui inspirent les textes :
- Un engagement pris ne devient applicable que des années plus tard et ses effets se font sentir avec un délai supplémentaire de quelques années.
Si les institutions étaient parfaitement démocratiques on obtiendrait ainsi une politique en dents de scie.
- Les engagements sont pris par les élus sans débat public.
- Les engagements sont soumis à des mécanismes institutionnels les rendant irréversibles.
- Les textes soumis aux politiques sont inspirés de ceux élaborés par des groupes de pression dont le premier souci n'est pas le bien commun.
- Quand une consultation populaire est décidée les textes constituent un tout à prendre ou à laisser dans sa globalité.
- Les conditions d'information des citoyens laissent encore à désirer.
Il est de plus bien difficile de faire des choix éclairés.
- Il faut avoir le temps (personnellement j'ai mis plus de deux mois à lire le traité établissant une constitution pour l'Europe)
- Il faut avoir les moyens de se renseigner (accès à Internet, achat de livres, déplacements aux conférences...)
- Il faut avoir la volonté de s'informer (vaut-il la peine de prendre ce temps au détriment de la vie privée ?)
Alors dans ces conditions le débat tel qu'il a eu lieu c'est bien, mais nous sommes encore bien loin d'une citoyenneté idéale.
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